Que ce temps des vacances qui approche nous permette de faire retour, de laisser décanter ce que l’année écoulée nous a donné de vivre et d’apprendre, puis d’aller vers l’essentiel !

Comme des tamis successifs, le temps au travers des jours filtrera toutes ces informations, tout ce qui nous a habité et nous ne retiendrons que les bons moments et les fichus quarts d’heure. Il y aura aussi un élève au moins que nous n’oublierons pas et cela de nombreuses années après… C’est ainsi que je n’ai pas oublié Michel, à l’époque désigné comme “caractériel” … Cela lui allait bien car il avait effectivement du caractère, de la répartie ! Une grande sensibilité, mais les apprentissages étaient difficiles, surtout le passage à l’écrit… Dans la discussion avec lui, c’était intéressant et facile… Quand il ne tenait plus, il sortait et allait nourrir le bouc car nous avions une ferme pédagogique… Que lui racontait-il ? Peut être bien, lui expliquait-il le monde ?  J’ai beaucoup appris de Michel : j’ai cherché à entrer dans la compréhension de son fonctionnement, j’ai dépassé la vision que me donnait l’étiquette que les médecins lui avaient collée, j’ai accueilli  toutes les surprises qui coloraient nos journées… Oui l’imprévu est riche et oblige chacun à aller puiser dans ses réserves d’invention, de rapidité de décision parfois…

Nous avons tous ainsi ces visages  d’enfants, d’adolescents qui nous ont marqué et nous ont fait progresser dans le métier…

Nous pouvons aussi savourer ce qui a été réussi cette année…

• Tel ou tel projet qui a fédéré le groupe classe, qui nous a permis de voir les élèves autrement, de découvrir des collègues  que nous ne connaissions que superficiellement…
• Telle situation d’élève pour lequel nous avons avec ses parents, d’autres collègues et professionnels trouvé des solutions inédites de progrès dans les apprentissages et les relations humaines…
• Telle formation qui a apporté de nouveaux éclairages et a pu initier une nouvelle dynamique…
• Tel moment particulier, un peu magique, surprenant… Ceux-là sont très importants si nous réussissons à faire un arrêt sur image…

Nous pouvons regarder aussi ce qui a été plus difficile, ce qui nous a interrogé… et comment cela s’est dénoué ou pas ?

Que ce temps de vacances permette donc de se distancier de tout ce qui a pu polluer nos vraies motivations pour se centrer sur l’essentiel, ce qui donne sens et qui nous habitera encore lorsque nous  commencerons à inventer une nouvelle année. L’essentiel est au plus près de ce qui nous habite vraiment et qui oriente notre pensée pour juger de ce que nous pourrons faire, décider  au milieu de nos dilemmes professionnels.

Explorons nos jardins intérieurs pour  enraciner nos convictions, cultiver nos savoir-faire, y puiser l’enthousiasme nécessaire, imaginer d’autres massifs, arroser les nouvelles pousses…

Bel été afin que renouvelés, nous poursuivons ensemble ce défi de l’éducation inclusive.

 

Véronique Poutoux, rédactrice en chef, Juillet 2019.