L’accessibilité pédagogique

Dans le domaine pédagogique, l’accessibilité pourrait rester un concept vide si nous ne commencions à voir, à observer des propositions simples qui constituent des « plans inclinés pédagogiques ». Pour rendre accessible une situation pédagogique il nous faut interroger l’apprentissage en lui-même, les tâches que les élèves vont avoir à réaliser, les limitations possibles de certains élèves, c’est dans cette double interrogation que se trouvent des éléments de réponses.

• Les bracelets rouges

C’est le titre d’une série télévisée diffusée actuellement, le lundi soir*. Elle met en scène des adolescents hospitalisés longuement, en raison de maladies qui nécessitent un suivi, des traitements, des rééducations. L’intérêt, me semble-t-il, réside dans la mise à jour de ce que peuvent ressentir ces jeunes, des questions essentielles, existentielles qui les traversent, des sentiments et émotions qui les habitent vis à vis d’eux-mêmes, de leurs parents, des autres copains qui partagent ce même quotidien.

J’ai retrouvé personnellement dans leurs phrases, dans leurs questions celles de ma sœur Marie qui a dû aussi à son époque, vivre des périodes d’hospitalisation qui la coupaient de l’école, de son lieu ordinaire de vie et qui à terme, l’ont exclue d’un parcours scolaire, du fait des nombreuses absences, de la fatigue, des effets des traitements.

Comment, dans nos établissements, prenons-nous en compte ces jeunes  qui éprouvent dans leur corps, douleurs, ou encore, dans leur tête et leur cœur des questions comme : si j’ai encore 6 ans à vivre, alors qu’est ce que je vais faire de ces années? Puis-je me rendre utile ? Ma vie aura-t-elle servi à quelque chose ?

Comment ne pas les porter “absent” comme nous le faisons, sans distinction d’un cas de grippe, ou mal de ventre, ou encore d’un petit arrangement familial ? Mais les logiciels, ne vont pas souvent dans la subtilité, et heureusement, il y a des CPE , qui eux savent et donc pourraient faire en sorte que ces absences  ne soient pas si indifférenciées.

Comment tenir compte de la fatigue vécue, de tout ce monde intérieur devenu si riche de par l’épreuve traversée? Pour eux aussi, il s’agit sans doute de se demander s’il ne convient pas de cibler des priorités. Ces jeunes malades ont bien des besoins particuliers qui nécessitent des ajustements et adaptations pédagogiques.

Comment maintenir le lien avec la classe, les copains ? Cela est tout à fait possible et peut fédérer une classe, la souder, lui permettre de dépasser une vision parfois limitée des enjeux de la vie.

Comment aussi mieux accompagner par une présence d’adulte des soins que les jeunes ont appris à faire car ils bénéficient la plupart du temps d’une éducation à la santé et d’un développement de leur autonomie ? Parfois, c’est juste du bon sens… être là pour que la vie soit plus facile.

Des associations qui regroupent les parents de ces enfants peuvent nous renseigner, nous apporter des compléments d’informations afin de mieux comprendre telle ou telle maladie en jouant de différentes modalités d’animation. C’est le cas d’une association qui suit des jeunes atteints de diabète et qui propose une pièce de théâtre: “les iles désertes et les éclipses”

*la saison 2 de la série est diffusée sur TF1

• Vous avez dit Accessibilité !

Cette notion d’accessibilité si présente dans la loi du 11 février 2005 a bien du mal à se réaliser pleinement pour ce qui concerne le bâti, les transports, la mobilité… Elle ne peut se décliner sans l’associer à la notion de participation. En fait il s’agit bien de rendre l’environnement accessible pour que les personnes puissent accéder aux services de droit commun, à la vie de la cité.

En ce qui concerne l’accessibilité pédagogique, l’expression est utilisée mais elle renvoie souvent  aux adaptations et compensations proposées au sein des classes. Il nous semble que cette notion doit s’approfondir et prendre en exemple  la recherche des obstacles qu’effectuent les architectes ou urbanistes  pour nos cités. Je vous propose un document qui explique et propose une vision de l’accessibilité  qui s’inscrit vraiment dans une logique environnementale. Elle quitte la logique médicale et catégorielle.  Il s’agit ici de considérer chaque situation d’enseignement/apprentissage dans une recherche de participation de tous aux activités proposées et d’analyser les mobilisations des différentes ressources individuelles et collectives qui vont permettre de résoudre, réaliser ce qui est proposé.

A tester:  Définir l’accessibilité pédagogique

• La conception universelle de l’apprentissage, à découvrir

Nous avons souvent interrogé la notion d’accessibilité pédagogique et tentons régulièrement de l’éprouver avec des équipes enseignantes ou des journées de formation. Un court résumé de la démarche employée reprend ces éléments. De nouveaux termes apparaissent tels que design universel d’apprentissage ou conception universelle de l’apprentissage. En parallèle de cette réflexion voici  un dossier complet sur la Conception Universelle de l’apprentissage (CUA) produit par nos amis québecois. Ils s’interrogent aussi sur ce que peut être une pédagogie de l’inclusion et nous rejoignent tout en apportant une autre façon de poser la problématique et de compléter notre réflexion.

Belleau, Jacques (2015), Dossier CAPRES – La conception universelle de l’apprentissage (CUA), Québec, CAPRES. Tiré du site du CAPRES : http://www.capres.ca/dossiers/la-conception-universelle-de-lapprentissage-cua/

 

• Des étudiants dyslexiques dans mon amphi

MOOC Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider

https://www.fun-mooc.fr/courses/course-v1:ENSDeLyon+14006+session01/about

Un cours gratuit en ligne proposé par l’ENS de Lyon sur la plateforme FUN, France université numérique. Ce MOOC démarre aujourd’hui et les inscrptions resteront possibles jusqu’au 28 février 2018. Organisé en quatre séquences hebdomadaires, comportant des modules vidéo de moins de dix minutes, divers exercices et des propositions de lectures d’approfondissement, il restera ouvert à la lecture jusqu’au 16 mars.
Au delà des informations portant sur le diagnostic et la prise en charge médico-sociale, on sera attentif aux propositions d’adaptations de l’enseignement dans un contexte de formation d’adultes… Ce qui me semble très novateur à l’université et notamment dans un amphi !

Présentation du cours

” La dyslexie affecte des milliers d’étudiants dans les universités françaises. Ce handicap porte sur la facilité et la capacité des individus à lire et écrire, constituant ainsi un obstacle – mais pas du tout une limite – à leur capacité à apprendre en situation. L’enseignant de l’enseignement supérieur peut facilement participer à l’accompagnement du dyslexique, à condition de mieux connaître la nature de ce handicap et les différents moyens d’accompagnement de ce trouble.

Dans notre cours « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : Comprendre et aider », nous souhaitons vous familiariser avec la dyslexie, sa prise en charge médico-sociale et les effets que ce trouble peut avoir sur la vie universitaire.

Nous allons regarder les processus cognitifs en jeu dans la dyslexie et son impact sur le travail universitaire et l’apprentissage. Nous décrirons les différents tests du bilan orthophonique et neuro-psychologique qui permettent au clinicien de poser un diagnostic et de caractériser le profil de chaque individu ; cette étape est essentielle pour que l’étudiant puisse mieux comprendre son trouble et mettre en place le nécessaire pour sa propre réussite. Nous vous ferons part des études sur l’adulte dyslexique, et plus spécifiquement de l’étudiant dyslexique. Après une discussion avec des professionnels d’accompagnement des services universitaires pour décrire les aides qui sont disponibles pour vous et pour vos étudiants, nous vous proposerons quelques clés pour adapter votre enseignement à ce handicap invisible.(…) “

Sur France université numérique

• Accessibilité et personnalisation?

L’accessibilité est universelle ou elle n’est pas. Ce principe devrait guider nos actions et nos choix.

Or, le focus a longtemps été mis sur la personnalisation. Il s’agissait de répondre au droit à l’éducation, puis à celui de la scolarisation en proposant des projets individualisés. Avec notre façon très administrative d’organiser à la fois les lieux, les aides, les moyens, nous en sommes aujourd’hui à proposer PAP, PPS, PAI et PPRE… Certains de nos voisins européens s’en étonnent quand parfois un seul protocole existe, pouvant être proposé de façon souple, en fonction des besoins, de la responsabilité des enseignants, en concertation avec les familles et les différents partenaires.

Ce passage administrativo, personnalisé, était sans doute obligé ! Je voudrais aujourd’hui attirer l’attention sur les risques que comporte cette sur-focalisation sur l’individu et ouvrir une voie plus pragmatique et qui entre dans cette logique de l’accessibilité universelle.

Concrètement, les enseignants peuvent se retrouver à gérer x projets suivant x protocoles et se demander si tout cela est toujours justifié ; ils peuvent aussi se sentir surchargés, avoir un questionnement  sur l’adéquation avec l’idée qu’ils se faisaient du métier. Mon propos n’est pas de dire que la préoccupation du suivi de chaque élève ne fait pas partie du métier, et la plupart des enseignants ont ce désir de faire au mieux pour chacun.

Mais il y a deux écueils qui demandent à être bien vus.

À trop personnaliser, une nouvelle stigmatisation est possible. Elle peut d’ailleurs très bien se manifester chez l’élève lui-même qui ne souhaite plus bénéficier de mesures particulières…  “Non je ne veux pas avoir d’ordinateur… je veux faire comme tout le monde…” Elle peut aussi interroger les autres élèves … “Pourquoi lui et pas moi… “ Nous pouvons réguler cet effet  en travaillant avec l’ensemble des élèves sur la notion de différence, d’équité et entrer dans une nouvelle compréhension des besoins des uns et des autres. En cela, plus la différenciation pédagogique devient une manière de faire ordinaire, régulière, plus il est logique que chacun ne fasse pas forcément la même chose, de la même façon, en même temps.

L’autre écueil est celui de rester dans une logique d’aide, de réparation et non de se diriger vers une logique environnementale et d’accessibilité universelle. Penser en amont la conception du cours, analyser les activités proposées en termes d’obstacles, et donc d’aides à proposer à tous, permet d’associer facteurs environnementaux et personnels. Cette démarche d’anticipation, de repérages systématiques des limitations possibles rencontrées par de nombreux élèves, dans une activité proposée permet peu à peu de répondre aux invariants  que nous connaissons et comprenons maintenant mieux (voir à ce sujet le dossier proposé sur les apports des neurosciences cognitives).

Car, si auparavant, nous concevions les propositions pédagogiques en fonction d’un “bon”  élève standard, nous avons maintenant appris que certains ne peuvent pas lire ou écrire de façon autonome mais peuvent comprendre et s’exprimer ; que certains ne peuvent s’exprimer oralement mais utiliser des moyens de communication alternative ; que certains ne disposent pas d’une mémoire de travail opérante et ont donc besoin d’indices qui servent de rappels… Tous ces éléments deviennent en quelque sorte les nouvelles normes “iso” des propositions pédagogiques.

Si les normes d’accessibilité, largeur des portes, des couloirs, hauteurs des rampes d’escalier sont aujourd’hui posées dès le départ, dans la conception des plans de tout appartement, bâtiment public, scolaire … peut-on imaginer créer un répertoire des obstacles et des aides dans tout scénario pédagogique ?

Pour cela, il s’agit bien d’accompagner les enseignants dans ce travail d’analyse de l’activité en s’appuyant sur l’interdisciplinarité pour sortir des évidences “matière”.

Ainsi dans le document Double focus, nous pouvons voir les deux façons de préparer et gérer sa classe. Le focus “personnalisation” était privilégié ; sans l’abandonner, la pratique associée avec le second focus “accessibilité”, éviterait les écueils cités d’une “sur” personnalisation. A terme, il rendrait le travail des enseignants plus adapté au contexte d’aujourd’hui qui découvre la richesse de la diversité et renouvelle le métier.

Véronique POUTOUX

• EPS et ASH

Une ressource créée par un groupe de conseillers pédagogiques EPS et ASH du Nord.

Destinée aux 3 cycles de l’école primaire, cette ressource permet de mettre en place des adaptations pédagogiques en EPS, pour les élèves en situation de handicap ou à besoins éducatifs particuliers (BEP), transférables à d’autres champs disciplinaires et profitables à tous les élèves.

Il s’agit d’accompagner des élèves porteurs de troubles du comportement et/ou cognitifs principalement à travers des situations de jeux collectifs (ex : les déménageurs).

Une série de fiches reprend des propositions en fonction des besoins repérés dans 7 domaines : temps, espace, règles et consignes, stratégies et procédures, rôles et statuts, habiletés motrices et gestion émotionnelle.

Voir le site

• Adapter son enseignement…Pourquoi ?

Adapter son enseignement, c’est bien… savoir pourquoi on le fait c’est mieux !

Depuis la publication du BO du 29 janvier 2015, les élèves dont les difficultés scolaires résultent d’un trouble des apprentissages peuvent bénéficier d’un plan d’accompagnement personnalisé (PAP), après avis du médecin de l’Éducation nationale et ce, de la maternelle jusqu’au lycée. circulaire n° 2015-016 du 22 janvier 20125 “le plan d’accompagnement personnalisé”
Ce document officiel définit les mesures pédagogiques qui permettent à ces élèves de suivre les enseignements prévus au programme correspondant au cycle dans lequel ils sont scolarisés et donc d’accéder plus facilement aux apprentissages.

Loin de viser l’exhaustivité, le document de Bénédicte Dubois permet aux enseignants, aux élèves et à leurs parents d’apporter des idées d’adaptations mais surtout de comprendre et d’identifier en quoi elles sont nécessaires.

En complément un diaporama  de présentation des adaptations, à partager en équipe !

Un code couleur permet de se repérer dans le document parmi 5 propositions     

 

Le document Adapter son enseignement

Le diaporama au format pdf

 

• L’accompagnement à l’école

L’accompagnement à l’école : dispositifs et réussite des élèves
Dossier de veille de l’ifé N° 119 de juin 2017 par Catherine REVERDY (chargée d’étude et de recherche au service veille et analyse de l’Institut français de l’éducation)

C’est encore une fois un dossier de veille de grande qualité qui nous éclaire sur la question de l’accompagnement des élèves à l’école. Il s’inscrit dans le prolongement de 2 dossiers publiés en 2016 :

  1. celui sur la différenciation pédagogique en classe (Feyfant, novembre 2016) qui abordait la façon dont les enseignants s’y prennent pour adapter leurs pratiques à la diversité des élèves
  2. celui sur les représentations et les enjeux du travail personnel de l’élève (Thibert, juin 2016) qui traitait de ce que font les élèves quand ils ou elles se retrouvent seul.e.s face à leur travail, en classe ou en dehors.

Cette fois, ce dossier de veille et d’analyse examine la question de l’organisation du suivi des apprentissages des élèves par les enseignants. Il s’organise de la façon suivante :

B Dubois - Accompagnement des élèves Ifé 119

infographie B Dubois d’après le dossier de veille de l’Ifé 119

Outre l’éclairage historique et terminologique qu’il apporte sur les dispositifs d’aide aux élèves, ce dossier s’inscrit dans une réflexion très intéressante sur le changement de paradigme relatif aux pratiques enseignantes, en termes d’organisation dans l’établissement et de mises en œuvre pédagogiques et didactiques.

Voir le dossier sur le site de l’Ifé