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• Les mots avant-gardistes des évolutions, les écoutons-nous ?

Les mots et expressions changent et peu à peu s’installent, se répandent, se remplacent, se parlent sans que nous ne mesurions forcément ce qu’ils contiennent vraiment. Ils portent en eux-mêmes, en avant garde des changements de représentations, de pratiques… De nouveaux mots peu à peu s’imposent, d’autres s’oublient.

Mais pour nous qui les utilisons, avons-nous toujours conscience de tout ce qu’ils contiennent ? Ne les détournons-nous pas pour les cantonner à nos territoires de pensées connus ? Au final, nous ne les laissons pas agir vraiment et porter les changements qu’ils contiennent.

Ainsi, par exemple, intégration et inclusion, handicap et besoin éducatif particulier, école inclusive et éducation inclusive …

  • Intégration, inclusion… A l’école élémentaire, les classes de perfectionnement deviennent des CLIS (Classe d’intégration scolaire) en 2002, et des ULIS (Unités localisée pour l’inclusion scolaire) en 2015.Les élèves en situation de handicap peuvent être « intégrés » en classe ordinaire, ou en CLIS, selon la bonne volonté des équipes enseignantes et c’est à l’enfant de s’adapter à l’école. L’ULIS marque le passage fort de lieux séparés et plus ou moins fermés dans l’école à un dispositif souple, ouvert. La CLIS traite les difficultés, répare, permet à l’élève de s’adapter à l’école. Elle est comme une structure qui marque cette logique encore à l’œuvre de la séparation, et de la réparation.  L’ULIS doit apporter des ressources aux enseignants, aux éducateurs, aux élèves pour que ceux-ci puissent participer au mieux aux activités proposées au sein du groupe classe. L’ULIS doit faciliter l’inclusion globale de l’élève qui a des besoins éducatifs particuliers. Il ne s’agit pas seulement de réaliser des « inclusions » dans la classe de référence par doses plus ou moins grandes en fonction des possibilités de l’élève ou de l’acceptation par les enseignants des demandes du coordonnateur. Il s’agit de concevoir les aides les plus ajustées aux besoins de l’élève dans les différentes situations rencontrées au cours d’une journée de classe, d’une année d’école. Les enseignants font toujours au mieux dans le système dans lequel ils sont. Certains précurseurs, analysant leurs pratiques et voyant les dérives, tentent de faire advenir de nouvelles pratiques qui sont interrogées par les chercheurs et conduisent à des changements profonds… Ce sont les pratiques dans un contexte donné qui amènent les évolutions d’idées et d’aspirations. Loin de moi l’idée de critiquer ce qui a été proposé pendant un temps aux enfants des CLIS ; mais la question est celle du changement et des résistances qui se développent, cultivent des nostalgies et ne comprennent pas les mots qui portent ces évolutions. Ainsi avec le mot inclusion, le sigle ULIS, d’autres mots émergent tout aussi importants tels que participation, aides, accessibilité.
  • L’école inclusive est cette école qui scolarise tous les élèves, et tente de développer des situations d’enseignement/apprentissage qui favorisent la participation de tous en mobilisant au mieux toutes les ressources, celles de l’élève lui-même, des élèves, des enseignants pour que chacun développe au mieux son potentiel et puisse à terme trouver sa place dans une société devenue inclusive. Il n’y a plus un enseignant par classe, ou un enseignant par matière, mais une équipe responsable de la participation de tous les élèves aux propositions éducatives et pédagogiques. Ce ne sont plus les « ULIS » , expression pour désigner les élèves de l’ULIS, c’est Antoine qui est en 4eme et qui bénéficie des ressources que peut lui apporter le dispositif ULIS. L’école inclusive doit mettre en œuvre une éducation inclusive, qui est plus globale, qui considère chaque être humain au-delà de ses seules performances scolaires, ou plus tard professionnelles, qui prend en compte ses intérêts, ses talents particuliers, ses fragilités aussi. Si nous voulons effectivement développer au sein de l’école et de la société, une éducation inclusive, cela demande de reconnaître que les parents, les copains, les personnels médicaux, para-médicaux, les AESH (Assistant d’éducation pour les élèves en situation de Handicap) sont des acteurs à part entière de ce défi. Cela demande de réaliser que les seuls apprentissages « scolaires » contribuent avec d’autres situations à entretenir toujours le moteur de l’apprendre qui fonde l’être humain. Entendons-nous bien, apprendre, ici désigne toute situation vécue de laquelle je vais développer un nouveau savoir, savoir-faire ou savoir être… Et c’est bien dans ce développement que se construit chaque individu. Si les atteintes physiologiques, psychiques, relationnelles… sont très importantes, l’éducation inclusive vise à créer du développement, de la croissance en dehors des formats normatifs, en nous obligeant à regarder ailleurs et autrement la personne, à concevoir un environnement qui permette au sujet d’advenir tel qu’il est et aux autres personnes de vivre avec lui ou elle comme une personne. Nous le voyons, cela suppose de partager des valeurs humaines de respect, de dignité, de reconnaissance de l’altérité. L’éducation inclusive n’est pas uniquement là pour apporter un mieux-être aux enfants et aux personnes en situation de handicap mais bien pour éduquer chacun de nous à ce nouveau regard, à une autre façon d’entrer en relation, à nous permettre de vivre pleinement ces valeurs de fraternité, de fragilité partagée, et de création toujours renouvelée.

Nota bene : cet article est paru sous forme d’édito en mars 2019. il nous a semblé utile de le reproposer à la réflexion commune.

• Ulis, un dispositif transitoire dans le paradigme de l’école inclusive ?

 Unités localisées pour l’inclusion scolaire :   Qu’en est-il ? Répondent-elles aux besoins des élèves ? Sont-elles propices au développement de l’école inclusive ?

J’ai pu ce trimestre être interpellée à plusieurs reprises par des enseignants qui sont coordinateurs de ces dispositifs, me rendre sur place et constater des fonctionnements plus ou moins difficiles … /…

Finalement, le dispositif Ulis marque sans doute une transition dans l’école inclusive mais continue de générer de fait un lieu étrange, qui a bien du mal à fonctionner de manière vraiment satisfaisante. Ne voulant pas recréer un ghetto, les dispositifs Ulis, pour le moment ne répondent pas suffisamment aux besoins des jeunes mais le peuvent-ils tant que les classes sont organisées par classe d’âge et avec des effectifs trop importants la plupart du temps ?…/

Voir l’article Ulis. VF

 

 

 

• Ulis en école, collège et lycée

La circulaire n° 2015-129 du 21-8-2015  instaure les Ulis dans l’enseignement élémentaire et précise leur fonctionnement en école, collège et lycée.

A souligner :

– le rappel de la visée d’une école inclusive depuis la loi de refondation pour l’école qui  » engage tous les acteurs dans une nouvelle conception de la scolarisation des élèves en situation de handicap« .

– Le terme de dispositif omniprésent sans être une seule fois défini. Il est indiqué que ces élèves ont besoin de temps de regroupement dans un autre espace. De même, tant pour l’enseignement élémentaire que secondaire, il est confirmé que les élèves sont inscrits dans leur « classe de référence » correspondant à leur âge.Ils peuvent bénéficier de temps de regroupement en Ulis autant que nécessaire

– L’enseignant coordinateur conduit les actions suivantes:

« l’enseignement aux élèves lors des temps de regroupement au sein de l’Ulis ;

la coordination de l’Ulis et les relations avec les partenaires extérieurs ;

le conseil à la communauté éducative en qualité de personne ressource. »

Le rôle de personne ressource est clairement cité, est -il pour autant défini ?

L’expression « besoins éducatifs particuliers » n’apparaît pas. Les élèves qui peuvent bénéficier des Ulis sont « ceux qui, en plus des aménagements et adaptations pédagogiques et des mesures de compensation mis en œuvre par les équipes éducatives, nécessitent un enseignement adapté dans le cadre de regroupements« .
Les élèves qui « nécessitent, sur tous les temps de scolarisation, y compris sur les temps de regroupement, l’accompagnement par une personne chargée d’une aide humaine individuelle ou mutualisée » ne sont pas scolarisés en Ulis.

L’affectation d’un AVSco est possible ; dans ce cas celui-ci fait partie de l’équipe éducative et participe à l’équipe de suivi de scolarisation.

Le grand changement est donc  la nouvelle appellation Ulis pour ce dispositif à l’école. Cela est plus cohérent. Pour autant, le changement de paradigme attendu sera plus long à réaliser d’autant que les référentiels CAPA et 2CA SH ne sont toujours pas modifiés !

A lire sur le site du ministère.

La circulaire remise en page