Archives de l’auteur : Véronique Poutoux

• Quand revient la question de l’évaluation

Quelle évaluation pour une école inclusive ?

Question cruciale dans le quotidien des enseignants, des jeunes et des familles. Dernièrement sortie des cours, un jeune collégien vient embrasser sa maman et lui dit aussitôt:” j’ai eu 12 en anglais” , et ils semblait si heureux de partager cette bonne nouvelle, heureux de montrer ces progrès apparemment. Cette demande sociale des notes, ce moteur de motivation semble-t-il, constituent de véritables freins à une évaluation qui fasse partie du processus d’apprentissage qui soit un soutien explicite pour les élèves à ce qu’ils sont entrain d’apprendre.

Les enseignants  font part des difficultés rencontrées pour concilier  évaluation positive et évaluation certificative en ces termes : Est-ce juste d’évaluer en proposant des aides ? N’est-ce pas tromper les parents et les élèves ? Comment notifier que des aides ont été proposées dans le cadre des aménagements ? Si nous, nous aménageons les conditions de passation des examens , qu’en est-il des conditions de l’examen ? Que pouvons-nous faire par rapport à cette demande sociale si forte de comparaison, de classement ?

Comme  cela est souligné dans la synthèse des  recommandations de la conférence de consensus sur l’évaluation, celle-ci” doit avant tout revêtir une fonction d’éducation et non de sélection;” or tout notre système d’évaluation découle de l’évaluation certificative du baccalauréat, et à moindre échelle de celle du brevet. Cette visée d’éducation et non de sélection est compatible avec une école inclusive qui mettrait en œuvre une évaluation positive qui est de fait un appui à l’apprentissage.

Nous trouvons dans les pages 33/34, le chapitre, ” Partir des besoins éducatifs particuliers de certains élèves pour construire une évaluation commune à tous les élèves.” Des réponses sont apportées à cette question de la justice ou non justice ressentie par les enseignants et aussi des propositions d’aménagement des documents, des taches, du temps. La notion d’accessibilité apparait dans la recherche des obstacles contenus dans la situation d’évaluation. De même, si l’évaluation fait partie du processus d’apprentissage, alors elle doit être conforme aux situations d’entrainement . Enfin la question des obstacles est abordée: “Il ne s’agit plus de penser des adaptations individuelles mais d’identifier et de lever pour tous ce qui pourrait constituer un obstacle pour certains.” Il s’agit bien d’une visée d’accessibilité qui est universelle ou n’est pas.

Pour autant, la recherche des obstacles nécessite une analyse des différentes activités proposées et donc une prise de recul, parfois difficile à opérer dans un quotidien bien chargé.

Pour compléter cette réflexion,vous pouvez consulter le document présentant la synthèse des recommandations de la conférence de consensus, ainsi qu’une présentation reprenant les différents éléments évoqués et la démarche guidée d’analyse d’une évaluation.
Les recommandations

Présentation Genialy V.Poutoux sur l’évaluation.

 

Un article paru dans “The conversation” va dans le même sens et montre la difficulté de l’école française à être inclusive compte tenu de son histoire et de sa tradition élitiste qui convient à beaucoup. Voir l’article.

 

• Dernière semaine pour participer à l’enquête en ligne sur les PAP, PPS, PPRE.

 Il vous reste quelques jours pour participer à l’enquête sur les différents projets , programmes d’aide … ( voir l’article de présentation : https://www.versunecoleinclusive.fr/participer-a-des-focus-pour-cibler-des-realites-de-terrain/

– Questionnaire enseignant.e  école primaire

– Questionnaire enseignant.e collège

– Questionnaire enseignant.e Lycée général et technologique

– Questionnaire enseignant.e Lycée professionnel

Questionnaire enseignant.e spécialisé.e

 

Merci de prendre ce temps pour répondre à ce premier focus PAP/PPS/PPRE. Transmettez le lien dans vos réseaux, à vos collègues… MERCI.

• Encore et toujours la différenciation pédagogique !

Suite à la conférence de consensus sur la différenciation pédagogique organisée par le CNESCO en 2017 et le dossier publié par l’IFE, une synthèse élaborée par Annie Feyfant sous forme de carte mentale pourra servir de grille d’analyse et donner de nouvelles idées.

• Les processus précoces d’exclusion à l’école

L’observatoire des inégalités publie un article qui montre , ce que chaque enseignant sait, que les inégalités quant au vocabulaire et à l’entrée dans la lecture programmée pour tous l’année de CP conduit de nombreux élèves à rencontrer des difficultés qui vont s’installer et le transformer,  faisant de lui ” un élève en difficulté”!

Les auteurs envisagent, comme cela se fait dans certains pays de reporter cet apprentissage fondamental au CE1.
Le problème de ces mesures si normatives  peut aussi conduire à des impasses, et ne pas répondre non plus à des besoins d’apprentissage d’autres enfants.

Toute la question est de se référer sans cesse à l’âge ! en prenant comme point de départ la référence du 1er janvier. Ainsi un enfant né fin décembre entrera sans difficulté en CP l’année de ses 6 ans , alors qu’un autre enfant né quelques jours après sera scolarisé en Grande section. A aucun moment n’est pris en compte une évaluation fine de  son appétence, de ses capacités… Les aménagements éventuels restent très à la marge et se font souvent à la demande des parents qui sont alors jugés comme poussant trop leurs enfants.

Les cycles, abandonnés, laissés aux oubliettes, permettaient cette souplesse. Il serait vraiment temps de se dégager de cette norme imposée par l’âge pour permettre à tous  d’accéder leur heure venue à entrer dans cet apprentissage particulier.

Voir l’article.

• Le Gruffalo !

Nous savons que dans toute classe, la coopération entre les élèves et le sentiment de cohésion ne vont pas forcément de soi. Pourtant, cette acceptation de chacun, le respect, des attitudes bienveillantes sont indispensables pour permettre de construire des apprentissages sereins. L’acceptation des différences ne va pas de soi, y compris dans les grandes classes!

C’est ce que nous partage Valérie Meyer, enseignante en classe de BTS et qui utilise avec ses étudiants ce “Gruffalo” … je n’en dis pas plus… et vous laisse découvrir sa proposition qui inspirera j’en suis sure d’autres collègues, ou qui rappellera à d’autres ce qu’ils.elles font déjà.

A noter, ce souci de porter attention aux gestes d’attention vis à vis d’autrui, à éveiller davantage les regards vers ces actions d’aide positives.

Le Gruffalo

• Participer à des focus pour cibler des réalités de terrain

Chacun, chacune, de sa place, de son contexte, de sa vision,  de ses convictions définit la réalité qui l’entoure et a tendance à généraliser son point de vue à un ensemble plus vaste.

Ainsi de nombreuses généralités circulent sur l’école inclusive: trop exigeante, pas assez développée, elle nuit aux enfants qui n’ont pas de problèmes, elle modifie le travail des enseignants, les enseignants ne sont pas formés….

A circuler dans différentes régions, je constate dans les équipes  de nombreux écarts liés à la formation des enseignants, aux formations en équipe, au projet d’établissement, aux conceptions partagées ou pas par l’équipe, aux organisations d’école, aux relations entre les différents acteurs… Ce qui est possible à un endroit semble impossible ailleurs. Il ne s’agit pas de porter un jugement  mais plutôt alors de comprendre un environnement, son histoire, et de permettre de cerner au mieux les besoins en formation. C’est un travail d’enquête qui est indispensable à mener.

Mes derniers constats interrogent l’épuisement  des équipes qui doivent faire face, après la crise COVID, à des demandes d’aménagement de plus en plus nombreuses, à des difficultés liées à la gestion de la classe, aux collaborations plus importantes demandées avec différents partenaires, aux relations plus ou moins faciles avec les parents… S’ajoutent à ces difficultés liées au contexte local, celles liées au macro système, à l’institution et à des directives parfois contradictoires.

Je note aussi les questions de fond sur le sens de ce qui est enseigné avec une difficulté majeure à différencier les objectifs d’apprentissage tout en embarquant tous les élèves dans l’activité proposée.

Mais je vois aussi, combien de projets collectifs sont développés pour susciter sens et motivation pour les élèves; je vois aussi le soin pris à préparer le travail pédagogique , les évaluations, le souci d’être juste et de bien faire…

Les travaux de recherche apportent des éléments d’objectivation sur lesquels nous pouvons nous référer. Mais il existe forcément un écart entre le moment où ces travaux sont conduits et leur diffusion et vulgarisation. Or nous avons besoin de mieux comprendre ce que nous traversons dans cette évolution majeure que constitue l’école inclusive.

Je vous propose donc de réaliser régulièrement de courts focus  à partir d’un questionnaire court (15 minutes maximum).  Notre site accueille certains jours plus de 600 visiteurs et en moyenne sur les jours ouvrables 450. Ces nombres sont significatifs et pourraient donc un peu mieux éclairer nos réalités.

Le premier focus proposé est le suivant : PAP, PPS, PPRE ? Où en sommes-nous ?

Questionnaire enseignant.e  école primaire

– Questionnaire enseignant.e collège

– Questionnaire enseignant.e Lycée général et technologique

– Questionnaire enseignant.e Lycée professionnel

Questionnaire enseignant.e spécialisé.e

 

Merci de prendre ce temps pour répondre à ce premier focus PAP/PPS/PPRE. Transmettez le lien dans vos réseaux, à vos collègues… MERCI.

• Équipes éducatives : des mémentos à disposition

Nous avons pensé utile de créer pour chaque étape  des équipes éducatives un mémento de travail afin de rendre ces rencontres  plus respectueuses de chaque point de vue et plus efficaces dans les mises en œuvre.

Préparation des réunions :

Quand on est chef d’établissement, il est important de préparer au mieux ces temps importants que sont les équipes éducatives. De la réflexion sur les personnes à inviter à la position de l’école, aux pistes d’aménagements, en passant par le recueil de la parole de l’élève, ce petit mémento construit par notre équipe avec quelques enseignants peut vous apporter quelques billes pour faire de ce temps un vrai moment d’échanges et de co construction avec une famille, un élève et des partenaires !

PREPARER UNE EQUIPE EDUCATIVE

 

Animation de la réunion:

La posture de l’animateur d’une équipe éducative (qui est la plupart du temps le Chef d’établissement, le directeur, la directrice est primordiale pour favoriser la coopération entre toutes les personnes qui accompagnent l’élève. Ce document apporte quelques repères pour un ordre du jour et propose un guide pratique pour l’animateur à suivre pendant la rencontre !

Animer une équipe éducative

 

Relevé de conclusions:

Est-ce qu’on a besoin de garder trace de tous les échanges vécus pendant une équipe éducative ? Plutôt qu’un compte rendu, préférez rédiger un relevé de conclusions qui doit pouvoir tenir sur une page ! Comme vous le verrez dans ce document  nous allons garder les grandes orientations/décisions qui ont émergé des échanges. Nous allons aussi consigner, si cela arrive, les positions divergentes. Il est particulièrement intéressant de se mettre d’accord à la toute fin de rencontre des conclusions qui seront consignées dans le document.

Rédiger un relevé de conclusions

Merci à  Gildas Coignet, Fabienne Héry, Cécile Germanaud et Raphaël David de la Direction diocésaine de l’Enseignement Catholique de Loire Atlantique pour leur contribution.

 

• Suivre un dispositif ULIS en collège

Ulis, l’Odyssée 

Une vidéo proposée qui montre le fonctionnement d’un dispositif Ulis en collège en REP+ à Lyon.

La vidéo a été tournée en période de pandémie, le masque est porté par tous et les déplacements des élèves sont freinés par la limitation du brassage des groupes.

Regards et paroles sur les séances pédagogiques, le vécu des élèves, des enseignants, les difficultés rencontrées et les progrès réalisés.

Une vidéo très intéressante pour tous ceux et celles qui ne connaissent pas ce dispositif et pour confronter les expériences pour les équipes qui travaillent déjà en lien avec une Ulis.

• Pratiques pédagogiques utilisant le numérique

Le réseau ORNA, à l’INSHEA, va créer un MOOC concernant l’utilisation des outils numériques avec les élèves à besoins éducatifs particuliers.

Nous aimerions, dans ce MOOC, mettre en valeur des pratiques en classe, ou dispositif, par l’intermédiaire de captations vidéos, et d’entretiens avec les professionnels.

Si vous êtes intéressés, contactez Monsieur Philippe Garnier en expliquant votre utilisation du numérique en classe.

Philippe Garnier, ORNA, INSHEA, philippe.garnier@inshea.fr

• Co enseignement et Enseignant ressource

Nos collègues canadiens sous la direction de Nancy Granger, en lien avec les travaux connus de Tremblay et Toullec-Théry (2020), par l’intermédiaire du réseau RIRE, publient  un document sur le coenseignement . Ils montrent dans ce dossier en quoi ce dispositif est favorable à l’éducation inclusive. Ils définissent ainsi le coenseignement :

Le coenseignement est défini comme un travail pédagogique en commun, dans un même groupe et dans un même temps, de deux ou de plusieurs enseignants se partageant les responsabilités éducatives pour atteindre les objectifs spécifiques (Friend et Cook, 2007 ; Tremblay, 2012).

Il répond aux caractéristiques de ce qu’ils nomment un environnement capacitant :

Un environnement capacitant rejoint trois critères : préventif, universel et développemental.
Il est préventif dans la mesure où il permet de détecter et de prévenir les risques, et d’éliminer l’exposition à des exigences qui entraînent à long terme des limitations ou des effets psychologiques négatifs. Il est universel, car il prend en compte les différences interindividuelles (caractéristiques spécifiques, différences d’âge, de genre, de culture, de religion, etc.) et les conditions telles que les déficiences et les incapacités individuelles dans le but d’atténuer ou d’éliminer les obstacles au développement, ainsi que les facteurs d’exclusion sociale.

Sont détaillées dans ce guide les différentes modalités possibles en premier et/ou second degré. Le coenseignement peut être réalisé par des enseignants de même discipline, d’autres disciplines, mais aussi par l’appui d’enseignants spécialisés et d’enseignants ressource.

Ces enseignants-ressources sont des enseignants n’ayant pas reçu de formation spécialisée mais qui sont dégagés à 50% de leur temps pour venir en appui, auprès des élèves, et des enseignants dans la classe. Cette idée me semble très intéressante à développer, car dans de nombreuses équipes, nous disposons d’enseignants qui ont développé de nouvelles ressources. Leur expérience aidant, et la connaissance plus importante d’élèves ayant des besoins d’aide leur permette  d’apporter à la fois soutien aux élèves, de contribuer à un véritable binôme d’enseignants et d’apporter leur regard dans l’organisation  de l’établissement pour faciliter un environnement inclusif.
L’infographie suivante détaille bien les différentes tâches possibles pour développer les pratiques pédagogiques différenciées, l’accompagnement, l’auto régulation et la collégialité.

 

Cette approche de l’enseignant- ressource peut nous aider à mieux cerner la fonction de personne ressource telle qu’elle nous est demandé dans le référentiel des compétences caractéristiques de l’enseignant spécialisé.  Vous trouverez aussi dans la suite du document les différentes configurations possibles ( voir Pages 18/19 et 20) pour mettre en œuvre du coenseignement.

Un document vraiment intéressant à lire et à explorer qui pourrait inciter des pratiques nouvelles au sein des équipes.

Lire le document : coenseignement_nancygranger