• Égalité et école inclusive

Plusieurs rapports et commentaires soulignent ces jours l’importance des inégalités dans notre pays et la difficulté de l’école à dépasser les déterminismes sociaux, culturels pour permettre à chaque élève de développer le plus possible son potentiel. Le sujet de la mixité sociale est apparu mais semble déjà oublié.

Les liens entre milieu social, capital culturel  et réussite scolaire  sont avérés et donnent des chiffres qui démontrent comment notre école génère exclusion scolaire et plus tard exclusion sociale. Notre école républicaine ne met pas en œuvre le triptyque  » Égalité, liberté, fraternité ».

Pour voir les chiffres éclairants sur ce débat, vous pouvez consulter le dernier rapport publié, comme chaque année par l’observatoire des inégalités et particulièrement le chapitre sur l’éducation, et aussi le commentaire réalisé par Lilia Ben Hamouda, paru dans le café pédagogique le 9 juin 2023

Je partage avec vous plusieurs réflexions:

  • Les inégalités de destin, d’histoire, de trajectoire sont un fait mais le métier d’enseignant et d’éducateur pose comme postulat de départ de lutter contre ces déterminismes par une posture d’accueil, de recherche de compréhension de ce qui fait obstacle aux apprentissages, de ce qui limite la participation  de certains aux activités proposées, favorisant à long terme l’exclusion scolaire.
  • Les inégalités de territoire et d’établissement créent souvent à l’insu des équipes des ambitions différentes de réussite pour les élèves. Elles sont aussi liées à des pratiques pédagogiques  différentes mais toujours dans un système très académique et sélectif. L’école française navigue  entre école égalitaire et école sélective, paradoxe encombrant et clivant. Car, ne nous leurrons pas, cette école élitiste convient à beaucoup tandis que l’école inclusive  qui nécessiterait de quitter ces logiques sélectives et de privilégier une logique équitable continue de faire peur et d’être rejetée derrière un consensus politique  de façade.
  • Tout le système est encore orienté vers l’importance accordée au diplôme et ne prend pas suffisamment en compte les compétences développées.
  • Les enseignants, très nombreux interrogent  la notion de justice dans leur pratique, en particulier pour les évaluations. Les aides  nécessaires à certains  créent des débats entre élèves. La question soulevée dans un article de « The conversation » le montre bien.
  • La scolarisation des élèves en situation de handicap à l’école modifie, pas assez vite, certes, les pratiques pédagogiques. Le changement de regard, la compréhension des fonctionnements cognitifs, émotionnels, relationnels différents doit maintenant nous conduire plus loin pour modifier la forme scolaire, mettre en cause le principe de la classe d’âge et développer une logique équitable et de valorisation de toutes les compétences.  Au delà des élèves en situation de handicap, d’autres vulnérabilités d’apprendre sont bien là et  ne sont pas reconnues comme telles.
  • L’égalité est une égalité en dignité et en droits, fondement de la déclaration des  droits de l’homme et des textes qui ont suivi.
  • La médecine, comme l’école ne peuvent pas appliquer à chacun le même traitement au nom de l’égalité mais répondre au mieux aux besoins d’aide, d’assistance afin que chacun puisse participer et trouver sa place dans une société si riche de toutes ses diversités.

Bref, ne nous leurrons pas, l’école n’est pas égalitaire mais elle vise à être de plus en plus équitable et fraternelle. L’école inclusive n’est pas compatible avec une école élitiste qui privilégie des accès au Savoir réservés. Heureusement, de nombreux collègues cherchent et trouvent de nouvelles modalités et développent des accès pluriels, porteurs de motivation, de coopération et d’avenir.

 

 

 

 

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