• Concevoir un projet. Exemple d’un outil qui favorise l’accessibilité.

Évidence  du métier! Oui, il s’agirait de bien savoir ce que nous voulons enseigner…Plus particulièrement, aux élèves  qui présentent des troubles dysorthographiques, par exemple…

Dans la conception d’un projet pédagogique, de nombreux objectifs peuvent être travaillés, comment clarifier ces intentions et les différencier au regard des besoins de certains élèves. Illustration  de la démarche suivie Concevoir un projet en différenciant les objectifs

A mettre en lien avec l’article précédent     https://www.versunecoleinclusive.fr/2014/01/13/concevoir-un-projet-une-sequence-en-pensant-laccessibilite-pedagogique/

A compléter ensuite par la recherche des obstacles possibles et des aides à proposer.

 

• Autisme et Abstraction

Pour des élèves avec troubles du spectre autistique, et aussi pour d’autres, l’abstraction semble bien difficile. Dans la cas de l’autisme, la pensée en détails reconnue comme un invariant dans ce type de troubles, semble faire obstacle, voici quelques réflexions et expérimentations que j’ai menées qui montrent qu’il est possible d’apprendre à abstraire en imaginant  une démarche qui décode les implicites habituels.

A lire : Apprendre l’abstraction pour un élève avec trouble du spectre autistique

• Premiers regards, premiers mots…

Premiers regards, premiers mots, premiers échanges avec les élèves qui franchissent la porte de l’école, de la classe.
Et déjà à notre insu, premiers risques d’exclusion !…

De l’ordre du sensible, ces perceptions procurent aussi bien chez les élèves qu’en nous-mêmes des premières impressions.
Pour certains élèves, elles prennent une grande importance et peuvent déterminer sympathie, antipathie, ouverture, fermeture, crainte…

En nous-mêmes aussi, ces impressions nous font « sentir » le groupe, tel ou tel élève.
Dans cet intervalle souvent si court en temps, ce que nous voyons risque de devenir réalité, notre réalité. Pour peu que les mots échangés, la façon de regarder, telle ou telle attitude confirment nos premières impressions. Tout cela  se greffe alors sur cette première matière, et peut provoquer une exclusion « intérieure » pour le moment invisible.

Plus les enfants sont jeunes et sensibles, plus ils perçoivent nos ressentis. Ce processus, très humain, nous ne pouvons l’éviter mais nous pouvons reconnaître qu’il existe et aussi permettre à nos élèves de nommer avec humour et inventivité ces mouvements intérieurs, si brefs et si subtils.

L’école inclusive invite à cette attention, à cette interrogation de ce que nous prenons pour la réalité. Il nous faut apprendre à interroger ce que nous pensons voir et le transformer en hypothèses.

Peut-être, celui-ci sera-t-il difficile ? Il a l’air si buté… Peut-être cette classe va-t-elle me mettre à l’épreuve ? Il y a ce petit groupe qui a l’air de bien s’entendre et de déjà vouloir mener la classe, de créer une résistance…

L’école inclusive « inclut » la dimension sensible, lui donne sa place, pour ne pas créer d’exclusion plus durable. C’est un effort de conscience que chaque éducateur est invité à faire. C’est un apprentissage, toujours à refaire, non inscrit dans les textes, de l’objectivation du réel pour nous-mêmes et pour nos élèves.

Nous pourrons alors nous amuser ensemble de nos filtres trompeurs et entrer dans un travail d’observation qui ne s’arrête pas au jugement, à l’interprétation, mais recherche les faits au plus près pour pouvoir mener ensuite une analyse ajustée.

Premiers regards, premiers mots, premiers temps d’arrêt intérieurs pour différer ce que notre jugement hâtif pourrait nous souffler tout bas.

Premiers regards porteurs d’espoir en chacun qui suspendent les jugements habituels et donnent à cette rentrée un murmure sensible d’humanité à construire.

Véronique Poutoux, rédactrice en chef du site Vers une école inclusive. 31 Août 2014.

• Pour l’école inclusive, quelle évaluation ?

Et si le brevet était supprimé… et si enfin le dilemme entre évaluation chiffrée et évaluation des compétences  n’existait plus… Un effet d’annonce il y a quelques jours qui retombe bien vite…

Non, abandonner ce système peu cohérent ne semble pas possible. Pourtant l’évaluation est une question majeure pour les enseignants quand ils adaptent et aménagent les propositions pédagogiques pour des élèves qui ont des besoins d’aides particulières. Comment mentionner ces adaptations ? Mentionner les allègements de l’exercice  dans une évaluation sommative ? C’est aussi la question de l’équité qui est posée.

Il est temps que le courage politique pour trancher soit opérant sous peine de ne pas pouvoir concilier  bien longtemps encore une école de l’élite, pour l’élite et une école inclusive. Il aurait été largement  temps d’aller vers un changement réel des pratiques d’évaluation. Quelle valeur le brevet des collèges a-t-il comme évaluation certificative ? Quelle pertinence à remplir, comme un formulaire administratif, le livret des compétences, tant que celui-ci, nécessairement re pensé, n’est pas le document qui permette de rendre compte de ce qui est acquis par l’élève, les élèves… tant que celui-ci n’est pas le livret de bord de l’élève et des enseignants ?

Il est temps que les enseignants abandonnent le stylo rouge comme instrument symbolique de l’évaluation sinon l’école inclusive ne peut poursuivre sa marche.

Véronique Poutoux, rédactrice en chef du site Vers une école inclusive. Juin 2014.

• Analyser sa pratique d’enseignant

Analyser sa pratique en s’appuyant sur deux compétences des métiers du professorat et de l’éducation.

La pratique réflexive sur son métier d’enseignant s’apprend et s’améliore par un entrainement régulier qu’il convient d’exercer et d’encourager dès la formation initiale.
En amont de cette analyse, se trouve l’observation ou plutôt l’auto-observation qui, pour être objective, doit s’appuyer sur des éléments factuels et non interprétatifs. Ces démarches peuvent être initiées par l’utilisation du référentiel de compétences de l’enseignant, outil d’accompagnement des pratiques et des gestes professionnels.
Paru en juillet 2013, il s’adresse pour la première fois à une pluralité d’acteurs de l’enseignement et de l’éducation et réitère la compétence « Prendre en compte la diversité des élèves » dans la perspective de renforcer le concept d’Ecole inclusive instauré par la loi du 11 février 2005.
Notons également que la compétence « Evaluer les élèves » se décline dans des termes positifs de progrès et d’acquisitions, colorant l’évaluation d’une connotation valorisante parce qu’évaluer, c’est avant tout « donner de la valeur » …

Loin d’être exhaustives, ces grilles écrites pour ces deux compétences, pourront servir de guide aux enseignants soucieux d’interroger leur pratique, dans le but d’optimiser leurs gestes professionnels.

Le document :
Grille d’analyse de sa pratique d’enseignant

• Si enseigner, c’était chercher… c’était être acteur des évolutions…

« Le métier d’enseignant arrive en première place du palmarès des métiers ayant attiré le moins de candidatures au 4e trimestre 2013, selon le baromètre Jobintree2014.« 

Triste première place !

Que diriez-vous, enseignants de l’école inclusive, vous tous, qui œuvrez au quotidien auprès des élèves qui sont empêchés d’apprendre pour quelque raison que ce soit ? Trouveriez-vous les mots qui répondraient à  ce constat ?

Pas facile, sans doute; car l’environnement médiatique me semble avoir préparé cette « belle » place ! Les actions quotidiennes menées semblent suspectes ou toujours insuffisantes.  Comment parler de ce qui tient si fort à cœur, un projet d’éducation, humaniste qui réunit convictions, pratiques, essais, erreurs, travail de relations, transmission et attente des progrès, ceux des élèves mais aussi les nôtres ?

Si être enseignant aujourd’hui c’était se dégager de la norme, c’est à dire de l’idée que l’enseignement se construit sur une normalité présupposée du développement et des processus de l’apprendre. Parce que la plupart des élèves apprennent à lire en CP dans le courant du 2ème trimestre, alors ceux qui n’y parviennent pas deviennent des « problèmes » ! Parce que la plupart des élèves reproduisent ce qui est attendu, combien restent dans l’étonnement de tâches scolaires qui ne font pas sens ?

Si enseigner, ce n’était pas appliquer des protocoles, reproduire ce que nous avons vécu quand nous étions élève, mais chercher à comprendre les terres inconnues que sont les mondes de nos élèves, comme des univers aussi divers qui ne demandent qu’à se révéler. Si enseigner, c’était chercher ces chemins originaux pour développer tous ces potentiels, pour construire un collectif apprenant, prêt à mettre en mouvement toutes ces intelligences dans une dynamique d’organisation des savoirs. Si enseigner, c’était être acteur des évolutions et des mutations si étonnantes que nous vivons, et  enfin abandonner cette idée d’une école  figée dans le temps.

Pouvons-nous parler de nos enthousiasmes présents et actifs? de ces réussites silencieuses qui germeront plus tard ? Oui, il nous faudrait oser…

  • Pour que plus jamais un autre Hugo ne puisse écrire ces lignes:

Maintenant que je suis en CP, je dessine et j’écris des récits avec des humains, je ne termine jamais mes histoires… Je me lasse… J’aimerais savoir parler des humains, mais je n’arrive plus à rassembler mes idées. J’ai l’impression que plus je passe de temps ici, plus je deviens bête. (dans « L’empereur, c’est moi. »  Hugo Horiot, Ed. L’Iconoclaste)

  • Pour que les futurs professeurs, ces jeunes talents viennent transformer l’école et forts de leur audace  professionnelle, montrer au ministère, en proie actuellement aux guerres intestines, qu’une autre école , un autre métier est en route.

Véronique Poutoux, rédactrice en chef du site Vers une école inclusive. Mars 2014.