Repères

Parce que nous avons tous besoin de balises, de points d’ancrage, ces pages sont destinées aux articles de réflexion, aux sorties de publications et aux incontournables textes officiels.

• Disney et l’inclusion

A voir ou à revoir, deux excellents films d’animation des studios Pixar (Disney…), métaphores de sociétés utopiques et décalées mais dont le  message est clair et explicite… pour toute la famille !

Une bande annonce de Zootopie (2016)

Une bande annonce de En avant ! (2020)

Logique intégrative et logique inclusive sont analysées et confrontées par le magazine en ligne TheConversation à travers ces deux films “tout publics”.

Le modèle éducatif français actuel, plutôt Zootopie ou En Avant ?

Tout produit culturel peut être à la fois le miroir d’une réalité sociétale, mais aussi une source de représentations qui perpétue des images stéréotypées. À quel point les villes françaises sont-elles proches de la métropole de Zootopie ? Qu’a-t-on conservé des dynamiques intégratives de la banlieue de En Avant ?

https://theconversation.com/comprendre-les-enjeux-de-lecole-inclusive-avec-disney-et-pixar-151125

 

• Égalité et école inclusive

Plusieurs rapports et commentaires soulignent ces jours l’importance des inégalités dans notre pays et la difficulté de l’école à dépasser les déterminismes sociaux, culturels pour permettre à chaque élève de développer le plus possible son potentiel. Le sujet de la mixité sociale est apparu mais semble déjà oublié.

Les liens entre milieu social, capital culturel  et réussite scolaire  sont avérés et donnent des chiffres qui démontrent comment notre école génère exclusion scolaire et plus tard exclusion sociale. Notre école républicaine ne met pas en œuvre le triptyque ” Égalité, liberté, fraternité”.

Pour voir les chiffres éclairants sur ce débat, vous pouvez consulter le dernier rapport publié, comme chaque année par l’observatoire des inégalités et particulièrement le chapitre sur l’éducation, et aussi le commentaire réalisé par Lilia Ben Hamouda, paru dans le café pédagogique le 9 juin 2023

Je partage avec vous plusieurs réflexions:

  • Les inégalités de destin, d’histoire, de trajectoire sont un fait mais le métier d’enseignant et d’éducateur pose comme postulat de départ de lutter contre ces déterminismes par une posture d’accueil, de recherche de compréhension de ce qui fait obstacle aux apprentissages, de ce qui limite la participation  de certains aux activités proposées, favorisant à long terme l’exclusion scolaire.
  • Les inégalités de territoire et d’établissement créent souvent à l’insu des équipes des ambitions différentes de réussite pour les élèves. Elles sont aussi liées à des pratiques pédagogiques  différentes mais toujours dans un système très académique et sélectif. L’école française navigue  entre école égalitaire et école sélective, paradoxe encombrant et clivant. Car, ne nous leurrons pas, cette école élitiste convient à beaucoup tandis que l’école inclusive  qui nécessiterait de quitter ces logiques sélectives et de privilégier une logique équitable continue de faire peur et d’être rejetée derrière un consensus politique  de façade.
  • Tout le système est encore orienté vers l’importance accordée au diplôme et ne prend pas suffisamment en compte les compétences développées.
  • Les enseignants, très nombreux interrogent  la notion de justice dans leur pratique, en particulier pour les évaluations. Les aides  nécessaires à certains  créent des débats entre élèves. La question soulevée dans un article de “The conversation” le montre bien.
  • La scolarisation des élèves en situation de handicap à l’école modifie, pas assez vite, certes, les pratiques pédagogiques. Le changement de regard, la compréhension des fonctionnements cognitifs, émotionnels, relationnels différents doit maintenant nous conduire plus loin pour modifier la forme scolaire, mettre en cause le principe de la classe d’âge et développer une logique équitable et de valorisation de toutes les compétences.  Au delà des élèves en situation de handicap, d’autres vulnérabilités d’apprendre sont bien là et  ne sont pas reconnues comme telles.
  • L’égalité est une égalité en dignité et en droits, fondement de la déclaration des  droits de l’homme et des textes qui ont suivi.
  • La médecine, comme l’école ne peuvent pas appliquer à chacun le même traitement au nom de l’égalité mais répondre au mieux aux besoins d’aide, d’assistance afin que chacun puisse participer et trouver sa place dans une société si riche de toutes ses diversités.

Bref, ne nous leurrons pas, l’école n’est pas égalitaire mais elle vise à être de plus en plus équitable et fraternelle. L’école inclusive n’est pas compatible avec une école élitiste qui privilégie des accès au Savoir réservés. Heureusement, de nombreux collègues cherchent et trouvent de nouvelles modalités et développent des accès pluriels, porteurs de motivation, de coopération et d’avenir.

 

 

 

 

• AESH, prioriser l’accessibilité pédagogique

” Sortir de la logique quantitative du« tout aide humaine » pour entrer dans une démarche plus qualitative, centrée sur les besoins de l’enfant afin de l’accompagner vers la réussite scolaire et plus d’autonomie.”

Le rapport d’information sur les modalités de gestion des ASEH, pour une école inclusive, publié par la commission de la culture, de l’ éducation et de l’information du sénat présidé par Mr Cédric Vial, met en évidence  que la scolarisation des élèves en situation de handicap passe pour de nombreux acteurs , parents, enseignants, AESH,  personnels des MDPH , par l’attribution d’une aide humaine au détriment de nouvelles pratiques pédagogiques  d’adaptation et de mise en accessibilité des situations pédagogiques.

L’augmentation quantitative du nombre d’AESH ne pourra s’étendre davantage . La présence des aides humaines doit mieux s’organiser et se combiner avec des changements de représentations et de pratiques pédagogiques.

Ce rapport montre aussi les différences de traitement et d’attribution des aides humaines suivant les MDPH… Comment  discerner et analyser les besoins des élèves et ajuster ainsi les aides humaines de façon à toujours viser le développement de l’autonomie et la participation maximum de l’élève à ce qui est proposé en classe ?

De nombreuses recommandations sont proposées qui concernent bien sûr la professionnalisation des AESH( statut et formation) et leur pleine reconnaissance comme membres de l’équipe éducative ; l’amélioration des relations avec les familles sur les plans administratif, juridique, relationnel; une coopération réelle et plus impactante avec le secteur médico-social.

Lire “L’essentiel du rapport”

• Les processus précoces d’exclusion à l’école

L’observatoire des inégalités publie un article qui montre , ce que chaque enseignant sait, que les inégalités quant au vocabulaire et à l’entrée dans la lecture programmée pour tous l’année de CP conduit de nombreux élèves à rencontrer des difficultés qui vont s’installer et le transformer,  faisant de lui ” un élève en difficulté”!

Les auteurs envisagent, comme cela se fait dans certains pays de reporter cet apprentissage fondamental au CE1.
Le problème de ces mesures si normatives  peut aussi conduire à des impasses, et ne pas répondre non plus à des besoins d’apprentissage d’autres enfants.

Toute la question est de se référer sans cesse à l’âge ! en prenant comme point de départ la référence du 1er janvier. Ainsi un enfant né fin décembre entrera sans difficulté en CP l’année de ses 6 ans , alors qu’un autre enfant né quelques jours après sera scolarisé en Grande section. A aucun moment n’est pris en compte une évaluation fine de  son appétence, de ses capacités… Les aménagements éventuels restent très à la marge et se font souvent à la demande des parents qui sont alors jugés comme poussant trop leurs enfants.

Les cycles, abandonnés, laissés aux oubliettes, permettaient cette souplesse. Il serait vraiment temps de se dégager de cette norme imposée par l’âge pour permettre à tous  d’accéder leur heure venue à entrer dans cet apprentissage particulier.

Voir l’article.

• Publics empêchés : le sur-mesure accessible à tous ?

Congrès, le mardi 28 mars 2023, à la maison Minatec de Grenoble.

Information et inscriptions

Publics empêchés : le sur-mesure accessible à tous ? Contraintes, opportunités et solutions

Étudiants éloignés, publics en formation continue, élus, sportifs et artistes de haut niveau, étudiants en situation de handicap, publics en détention… autant de profils “empêchés” que l’université souhaite mieux accompagner pour favoriser la réussite de tous. Aussi, pour faciliter l’accès à ses formations, l’université repense la manière dont sont organisés les cursus, les formats, les modalités, tant d’un point de vue pédagogique qu’administratif. Formation flexible, hybridation numérique, enseignement à distance, modularité, blocs de compétences, campus connectés, mobilité virtuelle, autant d’outils et dispositifs qui se développent et remettent en question les routines établies.

Afin de contribuer à faire connaître les pratiques actuelles, questionner leurs évolutions et penser l’université de demain, les organisateurs souhaitent mettre en avant, à travers des conférences, des ateliers et des partages d’expériences, trois dimensions de cette thématique :

  • L’accessibilité : l’impératif d’une ambition collective et d’une gouvernance proactive ?
  • La flexibilité : organiser du sur-mesure dans un service public de masse
  • Les solutions pour le sur-mesure : expériences pratiques (Ateliers thématiques)

Information et inscriptions

• Cédéisation des AESH ?

Le CDI dès 3 ans d’exercice (paru au JO du 17 décembre) ne sera cependant réellement possible que lorsque le décret d’application sera paru. Le Sgen-CFDT demande que cela soit désormais fait au plus tôt.

L’évolution du statut des personnels AESH est un long combat. La possibilité d’obtenir un CDI après un premier contrat de 3 ans est une avancée indéniable. Mais cela ne solde pas la question du statut de ces personnels à part entière de l’Éducation Nationale.

La principale revendication reste l’accès à un statut de catégorie B de fonctionnaire pour les personnels AESH.

Sur le site du Sgen-CFDT

voir aussi
Un statut de fonctionnaire pour les AESH

• Aménagement des examens

L’équipe du Centre de ressources documentaires de l’INSHEA propose un dossier qui recense l’ensemble des textes officiels régissant les aménagements des examens dont peuvent bénéficier les candidats en situation de handicap, qu’il s’agisse des examens de l’enseignement scolaire (général, technologique, professionnel, agricole) et de l’enseignement supérieur. Afin de faciliter la consultation du dossier, plusieurs classements des textes sont proposés : par date, par discipline, par trouble et par diplôme.

à télécharger (PDF ou Docx) à l’adresse :
https://inshea.fr/fr/content/dossiers-documentaires

Sur la même page, un glossaire regroupe les sigles les plus couramment utilisés dans les domaines de la scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers (BEP), et plus généralement du handicap et de la société inclusive.

• Norme, normalité et besoins éducatifs particuliers

Si nous avons toujours pensé que la norme en fonction d’un âge donné, et d’un niveau scolaire attendu était un obstacle majeur pour l’école inclusive, nous constatons une dérive actuelle bien importante celle de la demande  très forte de la particularité.  Examinez de plus près les chiffres de demandes d’aménagements dans vos classes,  vos établissements… et surtout leur progression spectaculaire…

La primauté du sujet et de son originalité sont des données qui aujourd’hui sont omniprésentes  et qui  pour être reconnues se tournent vers une médicalisation. Un diagnostic médical permet alors de revendiquer ce droit à aménagement. Et nous sommes, il me semble, en train de faire de la particularité la nouvelle norme. Si je ne suis pas “particulier’,  et si surtout ma particularité n’est pas reconnue, alors il y aurait une injustice.

Rappelons, qu’effectivement, le fait de considérer que tous les enfants apprennent à lire à 6 ans crée de nombreuses difficultés et est à l’origine de nombreux parcours scolaires difficiles. Les enseignants expérimentés et qui arrivent à rassurer les parents et les enfants , qui travaillent en équipe, peuvent accompagner au mieux ce passage entre la grande section et la fin du CE1 pour faire en sorte que cet apprentissage se réalise au mieux et que toute lenteur ou difficulté rencontrée ne conduise pas immédiatement à une médicalisation. Certes, il est demandé une vigilance dans l’observation de signes précurseurs de troubles ” dys” , mais il est aussi possible  de considérer que cet apprentissage fondamental ( en ce qu’il fonde le rapport au savoir et à l’école)  peut se réaliser à des rythmes différents.

Toutes les nouvelles connaissances sur le fonctionnement du cerveau et la vulgarisation nécessaire pour mieux comprendre tous les troubles constituent un immense progrès. Cela a permis une déculpabilisation importante, il n’y a pas de fautif mais un fonctionnement spécifique du cerveau. Là où nous sommes entrain d’aller trop loin, c’est sans doute de transformer  toute légère particularité en besoins éducatifs particuliers, que ce soit les parents ou aussi les enseignants. Le juste équilibre est difficile à trouver. Pour tout parent, son enfant est particulier. L’école est le lieu où se construit le rapport à l’autre dans un collectif qui se structure  et se développe au fil des années et de la maturité des élèves. il est indispensable de considérer que l’on apprend toujours avec d’autres, en étant semblables et différents.  Ce n’est pas la norme qui nous fonde dans notre similitude, c’est le fait d’être humain et d’avoir à vivre ensemble et à répondre ensemble aux différents besoins fondamentaux qui rejoignent les droits de l’enfant. Ce n’est pas non plus la compétition qui peut  prendre en compte à la fois similitude et particularité.

La dérive actuelle se situe donc dans le fait que la nouvelle norme est d’être particulier. Ce centrisme sur “moi, je ...”  peut conduire à transformer les enseignants en précepteurs, les parents en revendicateurs des droits aux aménagements , et les élèves à ne pas se sentir concernés si on ne s’adresse pas à eux en particulier…

Nous avons la possibilité de montrer une autre vision, plus humaniste, plus constructive, plus respectueuse aussi de rythmes différents, c’est d’interroger profondément ce que nous proposons :

– à un niveau macro , si nos ministres parlent d’une refondation de l’école, il nous faut envisager  une école qui ne fonctionne plus en classe d’âge mais s’organise autour de groupes de référence “projets multi âge”et de groupes de “constructions de compétences  et d’entrainement” plus cibles sur les besoins liés au développement cognitif. L’école du socle était dans ce sens une bonne idée, trop vite abandonnée et la mise en place des cycles n’a pas conduit à une organisation en classe de cycles ( ou bien rarement)  qui serait déjà un premier pas vers  cette reconnaissance de ce  ” être et apprendre ensemble, semblables et différents”.

– au niveau de l’établissement, il est possible de promouvoir une école de la coopération et de développer des pratiques qui fondent un collectif apprenant porteur d’un projet de réussite collective. Il est donc nécessaire d’interroger les pratiques qui classent, qui sélectionnent… Car derrière cette revendication parfois outrancière de la particularité se cache le désir que son enfant soit le meilleur , le premier… Nos prises de parole et nos actes peuvent beaucoup pour montrer qu’il n’y a pas de risque, au contraire, à développer des attitudes d’empathie, de coopération …

– au niveau de l’enseignant et de sa classe, les attitudes de mise en confiance, de reconnaissance de chacun et de pratiques pédagogiques qui autorisent des prises en compte de rythmes et de fonctionnement différents sont nécessaires pour ‘calmer le jeu” de cette nouvelle norme qui demande à s’imposer.

Il est clair cependant que certains  enfants ont des besoins d’aide très importants et qu’ils demandent effectivement une attention spécifique. Mais plus nous considérerons que dans toute classe, il y a des élèves qui peuvent être en difficulté de lecture, d’écriture, d’attention… et plus nous concevrons nos propositions pédagogiques en tenant compte de ces invariants, plus nous irons vers la mise en œuvre de l’accessibilité pédagogique qui permet  de répondre à ce vivre et apprendre ensemble, semblable et différent.

• Élèves en situation de polyhandicap

Deux collègues livrent leur “aventure pédagogique” … et le changement de regard profond que l’accompagnement de jeunes polyhandicapés a provoqué …

une aventure pédagogique !

Le droit à la scolarisation des enfants en situation de polyhandicap est encore loin d’être une évidence.

Elèves en situation de polyhandicap

Elèves en situation de polyhandicap

Ce livre témoigne du cheminement de deux enseignantes spécialisées auprès d’enfants en situation de polyhandicap au sein de l’Institut d’Education Motrice du Bord de Lys à Houplines (Nord).

Élèves mystérieux et tellement étonnants, il a fallu à ces enseignantes le temps de les connaître, les rencontrer, d’établir avec eux une relation de confiance réciproque et surtout se départir de représentations antérieures pour oser faire des pas de côté, envisager et admettre d’autres possibles.

Ce livre relate cet accompagnement pédagogique et la découverte de capacités cognitives “insoupçonnées” de certains de ces enfants.

Un chapitre est consacré au témoignage de professionnels de l’IEM et de deux mamans. Il met en évidence que l’évaluation de telles compétences induit un changement de regard sur ces jeunes et leur ouvre de nouvelles portes, notamment dans le domaine de la communication.

Ethan, jeune en situation de polyhandicap, apporte son témoignage et livre ses craintes : “passer ma vie en étant regardé comme un handicapé qui ne comprend rien”.

Ni formules magiques ni recettes toutes faites pour évaluer les compétences cognitives d’élèves en

situation de polyhandicap, mais la proposition d’un chemin de traverse : présumer de compétences plutôt que de déficience.

Elèves en situation de polyhandicap est une invitation à se laisser surprendre et bousculer.

Voir les références complètes de l’ouvrage

 

• Comment les contes parlent de handicap aux enfants

“Les contes de fées, qui sont réputés s’adresser aux enfants, évoquent a priori un univers merveilleux et la plupart d’entre eux s’achèvent sur un dénouement heureux ou estimé tel. Les pérégrinations des héros ont cependant pour objectif d’éduquer les jeunes lecteurs en les aidant à découvrir le monde social et le monde naturel. Ils n’évitent donc pas la confrontation avec le danger, le Mal, la faute. L’univers des contes inclut donc la trahison, la jalousie, l’égoïsme ou la cruauté ; il donne à voir la pauvreté, la violence, la mort.

Pour autant, on imagine plus difficilement qu’il puisse être question dans les contes de ce que nous appelons aujourd’hui « handicap ». Et pourtant, même si le terme n’est pas attesté au XVIIe siècle, l’infirmité, qu’elle soit physique ou mentale, est régulièrement représentée dans ces histoires qui en disent long sur la réception du handicap, voire sur la façon dont se construit l’image de la personne handicapée au sein de la famille et, plus largement, de la société. (…)

Pour lire l’article* sur le site de diffusion scientifique The conversation :
https://theconversation.com/comment-les-contes-parlent-de-handicap-aux-enfants-117118

* de Pascale Auraix-Jonchière, Professeur de Littérature française, Université Clermont Auvergne