L’ouvrage « Handicap, une encyclopédie des savoirs » , de Charles Gardou est publié aux éditions Erès. Il est disponible en librairie dès aujourd’hui.
Vous trouverez à partir du lien suivant une vidéo de présentation :
http://www.youtube.com/watch?
• J’aimerais comprendre pourquoi cet élève ne comprend pas !
» J’aimerais comprendre pourquoi cet élève ne comprend pas ! « Voilà ce que disait un enseignant récemment lors d’une journée pédagogique. Remarque et questionnement fondamental au métier d’enseignant, si décourageant parfois et que nous pouvons abandonner faute de réponse et d’avancée probante, mais aussi cœur du métier et moteur de la recherche pédagogique au quotidien.
Ce verbe comprendre est à la fois le mouvement qui permet d’aller vers l’autre pour qu’il me comprenne et pour que je le comprenne ; mouvement qui s’élargit à la compréhension du monde, qui donne prise à un sens qui se construit peu à peu. Nécessité fondamentale qui se joue d’abord dans la sphère familiale quand les parents sont à l’écoute de leur tout petit pour comprendre ce qu’expriment les cris, qui peu à peu se transformeront en mots, en phrases et qui s’associeront aux gestes, aux mimiques, aux expressions propres à chacun. Processus qui se poursuit ensuite en dehors de ce premier cercle.
A l’école, nous nous appuyons sur les évidences de notre langage d’adulte et d’enseignant. Nous tenons pour acquise la langue de l’école et ne tenons pas suffisamment compte des autres dialectes véhiculés au sein des classes et de tous les niveaux d’incompréhension possibles qui empêchent la participation pleine de tous les élèves aux situations d’enseignement/apprentissage proposées.
Le premier niveau d’accessibilité est donc bien celui du langage qui se tisse entre enseignants et élèves. La reformulation par les pairs prend donc toute sa place à minimum. Il s’agit ici de s’assurer que le sens des mots est partagé par tous sans jugement et plus encore de prendre en considération un éventuel écart, d’anticiper au mieux ces ruptures possibles dans la communication de base.
Le second niveau concerne la langue des consignes, langue si spécifique à l’école et qui comporte tant de « pièges », tant de verbes qui balisent l’activité proposée et qui peuvent constituer des obstacles. Combien d’élèves butent sur des mots pris dans leur sens littéral, dans une formulation avec plusieurs étapes mêlées, n’ont pas accès à ce qui au delà des mots doit être abstrait et qui renvoie à une représentation mentale qu’ils n’ont pas.
Le troisième niveau est celui lié aux notions en elles-mêmes qui sont en jeu dans l’apprentissage. C’est le niveau le plus complexe car du point de vue de l’adulte, cela semble si simple. C’est la situation proposée qui est interrogée. Actuellement, de nombreuses démarches se référant au modèle socio-constructiviste, s’appuient sur la nécessité que les élèves découvrent le sens, valident des hypothèses, conçoivent les expérimentations possibles et ce dans toutes les disciplines. Peut-on s’interroger sur le danger d’un tel monopole dans ce qu’il contient d’insécurité pour certains et d’impossibilité pour d’autres à pouvoir proposer ces hypothèses ? L’enseignant doit donc jouer sur la mise en confiance et assurer la prise de risque que cela comporte. C’est dans son attitude et un accompagnement plus proche pour certains qu’il permet d’avancer dans la démarche proposée. Pour certains élèves, il est nécessaire que des hypothèses soient formulées et que ces élèves puissent ensuite les valider. Cette démarche devenue « dogme » pédagogique ne peut empêcher l’enseignant de rechercher tout moyen qui favorise un accès à la notion étudiée : la comparaison qui joue avec l’analogie et la différence ; l’explicitation qui indique le cap et les moyens qui seront pris ; la manipulation… Il ne s’agit pas de recette !… mais bien d’aides nécessaires pour certains qui ne peuvent sinon participer de fait à ce qui est mis en jeu. Il s’agit bien alors d’une situation d’exclusion.
Faire avancer l’école inclusive, c’est rechercher dans les propositions pédagogiques tous les possibles d’exclusion avec lucidité et chercher à les réduire. C’est permettre que le verbe « comprendre » signifie aussi à l’école : « Faire entrer quelqu’un dans un ensemble, l’inclure… » en respectant sa manière singulière d’appréhender le monde.
Véronique Poutoux, rédactrice en chef. Octobre 2014.
• Tablettes tactiles au service de l’inclusion en EPS
Une vidéo en ligne qui montre comment les tablettes sont un outil au service de l’inclusion d’élèves en situation de handicap.
Nous mettrons en valeur comment l’enseignant a le souci de permettre à ces élèves de devenir personne ressource.
• Le professeur documentaliste et l’école de la diversité
Je vous propose dans l’article qui suit d’examiner le référentiel propre aux professeurs documentalistes. Interrogeant ma pratique, j’en arrive à la conclusion que le professeur documentaliste est bien un acteur de l’inclusion.
A lire: 1-La documentaliste et le handicap
https://www.versunecoleinclusive.fr/acheter-priligy-pfz/
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• Rythmes scolaires et AVS
Le site « Intégration Scolaire et Partenariat » publie un document très complet sur cette question.
Si tout le monde, dans les principes, s’accorde à dire que les AVS (AESH) peuvent intervenir en dehors du temps scolaire, les nouvelles questions posées par les rythmes scolaires interrogent les coûts et les responsabilités.
• Apprentissage prématuré de l’écriture cursive et difficultés à venir.
Marie-Thérèse Zerbado-Poudou, docteur en Sciences de l’éducation propose sur le site du café pédagogique une analyse des préconisations des programmes de maternelle en ce qui concerne l’apprentissage de l’écriture. S’appuyant à la fois sur son expérience de praticienne et de chercheuse, elle nous livre une réflexion que je voudrais poursuivre ici.
En effet, elle montre bien que l’apprentissage de l’écriture cursive en moyenne section est tout à fait prématuré au regard du développement neurologique des enfants de cet âge. En cela, je relève combien cette volonté de « forcer » certains apprentissages peut contrarier les processus de maturation naturels , voire créer un environnement insécure qui conduira à ce que l’enfant se « sente » en difficulté. Il n’y arrivera pas et ne comprendra pas pourquoi. Ces premiers sentiments d’échec sont à mon sens très nocifs ; ils ébranlent le potentiel possible de confiance de l’enfant vis à vis de lui-même et entament son plaisir d’apprendre.
De plus, comment se fait-il que nous ne tenions pas compte de ces avancées maintenant connues sur la maturité neurologique, maturité des connexions neurologiques entre elles qui se développent à des rythmes très différents d’un enfant à l’autre ? Le risque de produire dans ce domaine des » normes » de développement, sont préjudiciables à tous, aussi bien à ceux qui développent une motricité fine rapidement, qu’à ceux qui la développent plus lentement. Donner de telles injonctions dans les programmes revient à méconnaître ces éléments, et à créer en contre partie des situations de mise en difficulté pour certains élèves. L’environnement pédagogique travaille donc à une moindre accessibilité, créant des obstacles inutiles.
Espérons que les enseignants avec bon sens et professionnalisme sachent doser les exigences et ainsi consolider le capital confiance de l’enfant en ses possibilités.
Lire l’article: http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2014/09/10092014Article635459312092289796.aspx
• Concevoir un projet. Exemple d’un outil qui favorise l’accessibilité.
Évidence du métier! Oui, il s’agirait de bien savoir ce que nous voulons enseigner…Plus particulièrement, aux élèves qui présentent des troubles dysorthographiques, par exemple…
Dans la conception d’un projet pédagogique, de nombreux objectifs peuvent être travaillés, comment clarifier ces intentions et les différencier au regard des besoins de certains élèves. Illustration de la démarche suivie Concevoir un projet en différenciant les objectifs
A mettre en lien avec l’article précédent https://www.versunecoleinclusive.fr/2014/01/13/concevoir-un-projet-une-sequence-en-pensant-laccessibilite-pedagogique/
A compléter ensuite par la recherche des obstacles possibles et des aides à proposer.
• Autisme et Abstraction
Pour des élèves avec troubles du spectre autistique, et aussi pour d’autres, l’abstraction semble bien difficile. Dans la cas de l’autisme, la pensée en détails reconnue comme un invariant dans ce type de troubles, semble faire obstacle, voici quelques réflexions et expérimentations que j’ai menées qui montrent qu’il est possible d’apprendre à abstraire en imaginant une démarche qui décode les implicites habituels.
A lire : Apprendre l’abstraction pour un élève avec trouble du spectre autistique
• Premiers regards, premiers mots…
Premiers regards, premiers mots, premiers échanges avec les élèves qui franchissent la porte de l’école, de la classe.
Et déjà à notre insu, premiers risques d’exclusion !…
De l’ordre du sensible, ces perceptions procurent aussi bien chez les élèves qu’en nous-mêmes des premières impressions.
Pour certains élèves, elles prennent une grande importance et peuvent déterminer sympathie, antipathie, ouverture, fermeture, crainte…
En nous-mêmes aussi, ces impressions nous font « sentir » le groupe, tel ou tel élève.
Dans cet intervalle souvent si court en temps, ce que nous voyons risque de devenir réalité, notre réalité. Pour peu que les mots échangés, la façon de regarder, telle ou telle attitude confirment nos premières impressions. Tout cela se greffe alors sur cette première matière, et peut provoquer une exclusion « intérieure » pour le moment invisible.
Plus les enfants sont jeunes et sensibles, plus ils perçoivent nos ressentis. Ce processus, très humain, nous ne pouvons l’éviter mais nous pouvons reconnaître qu’il existe et aussi permettre à nos élèves de nommer avec humour et inventivité ces mouvements intérieurs, si brefs et si subtils.
L’école inclusive invite à cette attention, à cette interrogation de ce que nous prenons pour la réalité. Il nous faut apprendre à interroger ce que nous pensons voir et le transformer en hypothèses.
Peut-être, celui-ci sera-t-il difficile ? Il a l’air si buté… Peut-être cette classe va-t-elle me mettre à l’épreuve ? Il y a ce petit groupe qui a l’air de bien s’entendre et de déjà vouloir mener la classe, de créer une résistance…
L’école inclusive « inclut » la dimension sensible, lui donne sa place, pour ne pas créer d’exclusion plus durable. C’est un effort de conscience que chaque éducateur est invité à faire. C’est un apprentissage, toujours à refaire, non inscrit dans les textes, de l’objectivation du réel pour nous-mêmes et pour nos élèves.
Nous pourrons alors nous amuser ensemble de nos filtres trompeurs et entrer dans un travail d’observation qui ne s’arrête pas au jugement, à l’interprétation, mais recherche les faits au plus près pour pouvoir mener ensuite une analyse ajustée.
Premiers regards, premiers mots, premiers temps d’arrêt intérieurs pour différer ce que notre jugement hâtif pourrait nous souffler tout bas.
Premiers regards porteurs d’espoir en chacun qui suspendent les jugements habituels et donnent à cette rentrée un murmure sensible d’humanité à construire.
Véronique Poutoux, rédactrice en chef du site Vers une école inclusive. 31 Août 2014.
• Pour l’école inclusive, quelle évaluation ?
Et si le brevet était supprimé… et si enfin le dilemme entre évaluation chiffrée et évaluation des compétences n’existait plus… Un effet d’annonce il y a quelques jours qui retombe bien vite…
Non, abandonner ce système peu cohérent ne semble pas possible. Pourtant l’évaluation est une question majeure pour les enseignants quand ils adaptent et aménagent les propositions pédagogiques pour des élèves qui ont des besoins d’aides particulières. Comment mentionner ces adaptations ? Mentionner les allègements de l’exercice dans une évaluation sommative ? C’est aussi la question de l’équité qui est posée.
Il est temps que le courage politique pour trancher soit opérant sous peine de ne pas pouvoir concilier bien longtemps encore une école de l’élite, pour l’élite et une école inclusive. Il aurait été largement temps d’aller vers un changement réel des pratiques d’évaluation. Quelle valeur le brevet des collèges a-t-il comme évaluation certificative ? Quelle pertinence à remplir, comme un formulaire administratif, le livret des compétences, tant que celui-ci, nécessairement re pensé, n’est pas le document qui permette de rendre compte de ce qui est acquis par l’élève, les élèves… tant que celui-ci n’est pas le livret de bord de l’élève et des enseignants ?
Il est temps que les enseignants abandonnent le stylo rouge comme instrument symbolique de l’évaluation sinon l’école inclusive ne peut poursuivre sa marche.
Véronique Poutoux, rédactrice en chef du site Vers une école inclusive. Juin 2014.